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Le sabotage de la langue française conduit à des individus privés de culture
Dans un article publié le 8 décembre 2022 dans le Figaro, l’historien et essayiste Maxime Tandonnet dénonce le sabotage de l’enseignement de l’orthographe à l’école. Il s’appuie sur les résultats d’une enquête réalisée par la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) qui révèle que le nombre moyen d'erreurs sur une même dictée a doublé depuis 1987.
La dégradation du niveau d'orthographe est un phénomène de long terme qui s'explique par des facteurs qui tiennent pour partie au déclin de la lecture au profit des réseaux sociaux et des jeux vidéo, et aux difficultés d'apprentissage de populations n'ayant pas le français comme langue maternelle.
Mais cette dégradation tient également à l’enseignement donné dans les écoles. Or ceci ne semble pas être une préoccupation prioritaire des autorités politiques qui privilégient les missions à caractère sociétal sur celle de la transmission des savoirs fondamentaux. « Enseigner l'éducation à la sexualité et lutter contre les inégalités entre les filles et les garçons est un moyen de donner à chacun les clés de sa réussite » expliquait ainsi M. Pap N’Diaye, le ministre de l'Éducation nationale le 12 septembre dernier dans un tweet de rentrée.
Lui-même ne fait que poursuivre dans la voie engagée par ses prédécesseurs depuis plusieurs décennies dans une perspective égalitariste où la maîtrise du français est considérée – à tort – comme emblématique d'un code de reconnaissance sociale et donc de reproduction des inégalités.
Or la déconstruction de la langue écrite conduit à affaiblir l'intelligence collective d'un peuple et son esprit critique. Cette déconstruction commence par le sabotage de l'orthographe, de génération en génération. L'incapacité à s'exprimer par écrit rejaillit sur tous les autres apprentissages : l'histoire, la littérature, les langues et la science.
Subrepticement, on fabrique ainsi un individu privé de culture, sans racines intellectuelles, soumis à toutes les influences et toutes les peurs, dépersonnalisé, privé de la curiosité livresque, d'esprit critique et indéfiniment manipulable par toute sorte d'idoles de notre temps.
Note : Maxime Tandonnet est l'auteur de nombreux ouvrages salués par la critique. Il a notamment publié : 1940, un autre 11 Novembre (Tallandier, 2009), Histoire des présidents de la République (Perrin, 2013 et Tempus 2017), Les Parias de la République (Perrin, 2017), André Tardieu, l'incompris (Perrin, 2019) et Georges Bidault, de la Résistance à l'Algérie française (Perrin, 2022).